






Recherche par catégorie #1 | » Accueil » Introduction IntroductionLire la préface de Patrick Bézier
Cet ouvrage est le fruit d’une réflexion collective entamée en 2006 entre historiens et professionnels de la protection sociale. A l’initiative du groupe Audiens et de trois historiens, Patrick Eveno, Michel Dreyfus et Pascale Goetschel, deux Comités d’histoire de la protection sociale des métiers du spectacle et des médias ont alors été mis en place. En confrontant le regard des témoins et des chercheurs, dans un souci de « paritarisme intellectuel » et pour maintenir « le regard croisé des historiens et des professionnels »[1], ces comités ont pour but de retrouver les racines d’Audiens, une institution mutualiste certes jeune, mais aux héritages multiples et complexes. Car si la date de naissance officielle du groupe est fixée à 2003, dans les faits, ses origines sont beaucoup plus anciennes et multiples : Audiens repose sur une succession de regroupements entre différents organismes sociaux du spectacle et des médias entamés dans les années 1990. Dans ce contexte, comme l’explique Patrick Bézier, directeur général d’Audiens, « le risque est grand de voir cette histoire se perdre. Car les opérations de concentration, aussi bien en retraite qu’en mutuelle, font peu à peu disparaître les organismes sociaux d’origine »[2].
Sans aller dans le détail de la chronologie de ces regroupements, nous nous contenterons de rappeler les ultimes fusions qui ont conduit à cette réalisation : en 2003, a eu lieu un rapprochement entre l'Institution de protection sociale Bellini-Gutenberg (IPS BG)[3], dédié aux professions de la presse, des médias et de la communication, et le GRISS (Groupement des Institutions sociales du spectacle)[4]. L’année suivante, les institutions de retraite complémentaire ARRCO[5] - ANEP Bellini, la CREP, la caisse Gutenberg et la CAPRICAS - ont fusionné au sein de l’Institution de retraite de la presse et du spectacle (IRPS). Dans le même temps, les institutions de retraite complémentaire AGIRC[6] - la CARCICAS[7] et CNC Presse[8] - ont été regroupées dans l’Institution pour la retraite des cadres de la presse et du spectacle (IRCPS). Enfin, en 2006, les institutions de prévoyance Bellini Prévoyance, IPICAS[9]etGutenberg Prévoyance ont fusionné au sein d’Audiens Prévoyance. Audiens couvre ainsi la quasi-intégralité de la protection sociale du spectacle et des médias, de la retraite complémentaire à la santé, en passant par la prévoyance, l’épargne, le 1 % logement, l’action sociale et les loisirs.
Parallèlement aux comités d’histoire, un groupe d'historiens s'est mis en place afin de réfléchir aux problématiques induites par ce champ de recherche. Ce groupe rassemble des professeurs d’université, des maîtres de conférence, des chercheurs et des étudiants, historiens mais aussi sociologues, spécialisés dans des domaines variés afin de répondre à l’approche plurielle de cette étude. Sont en effet mêlés plusieurs domaines de recherche qui se sont pour l’heure rarement rencontrés : histoire de la presse et des médias, histoire du spectacle, histoire culturelle et histoire de la protection sociale, elle-même « au carrefour de multiples histoires : économique, politique, sociale, des mentalités »[10]. Des séminaires sont régulièrement tenus à l'Institut d'histoire économique et sociale (IHES), à la Sorbonne, afin de croiser différents points de vue, de réfléchir aux axes de recherche à engager et de préparer des journées d’étude. Les deux premiers colloques organisés les 18 avril et 24 juin 2008 ont donné lieu à un ouvrage[11], qui a le mérite de combler, bien que partiellement, un grand vide dans un champ de recherche largement ouvert. Dans son prolongement, deux autres colloques, tenus le 31 janvier et le 7 novembre 2011, sont en cours de publication.
Ces recherches ont pour but de contribuer à « l’enrichissement de la connaissance scientifique »[12] en reconstituant la trame historique des systèmes de protection sociale de deux corps professionnels spécifiques, les médias et le spectacle. Pour en retrouver les racines les plus lointaines, ces travaux remontent au cœur du XIXe siècle qui a vu éclore les premières formes de protection sociale de ces professions, qui ont pour point commun de s’organiser très précocement : ce n'est d’ailleurs sans doute pas un hasard si la Société typographique de Nantes, créée en 1833, la Société de secours mutuels des typographes de Rennes (1835), l’Association typographique parisienne (1839)[13] et l’Association des artistes dramatiques du baron Taylor[14] (1840) voient le jour à la même époque. Ces sociétés, au rayonnement local pour les unes, national pour les autres, représentent le noyau d'origine d'un réseau d'organisations sans cesse développé au cours des décennies.
Quelle protection sociale, de quelles professions ? Limites et difficultés d’une recherche
Pour approfondir ces réflexions, fut décidée la réalisation d’un Guide du chercheur en histoire de la protection sociale des métiers du spectacle et des médias. Ce genre d’ouvrage apparaît comme un outil essentiel à toute entreprise historique, en permettant de « savoir de quoi l'on pourra disposer un jour », « de mesurer l'ampleur de la documentation en cause, et de savoir à la fois où elle se trouve et ce qu'on peut en espérer sur le plan pratique »[15]. De nombreux exemples de guides du chercheur, ou guide des sources, peuvent être cités : une partie d’entre eux, dirigés et édités par la Direction des Archives de France, sont réalisés par des services d’archives publics, nationaux ou territoriaux, généralement en partenariat avec des organismes de recherche scientifique. D’autres sont simplement publiés avec le soutien des Archives de France, à l’initiative de comités d’histoire ministériels, d’universités ou du CNRS. Enfin, un dernier ensemble de guides « sont nés, en dehors de tout contexte institutionnel ou académique, d’initiatives associatives, privées et parfois mêmes individuelles »[16], ce qui est le cas pour ce présent ouvrage.
Parmi ces guides, aussi variés dans leur origine, leur construction que dans leur thématique, citons en premier lieu Les source de l’histoire ouvrière, sociale et industrielle de Michel Dreyfus, paru en 1987, ainsi que des travaux plus récents : Le Guide des sources des étrangers en France[17], en quatre tomes, dont le dernier est paru en 2005, Le Guide des sources de l'histoire du féminisme[18] (2006), ou encore Le sport, de l'archive à l'histoire[19], publié la même année sous la direction de Françoise Bosman, Patrick Clastres et Paul Dietschy. D'autres guides sont plus ciblés géographiquement, chronologiquement ou dans leur objet : ainsi, Des sources pour l'histoire des femmes[20] et Le Guide des sources en histoire de la presse[21] s'intéressent à la documentation disponible à la Bibliothèque nationale de France sur leur sujet respectif. Dans d'autres domaines, mentionnons également Le Guide des sources de l'histoire de l'assurance (2007)[22] ou Le Guide du chercheur sur l’histoire des monopoles des tabacs et allumettes en France, XIXe-XXe siècles[23]. L'objectif de ce travail est d'identifier et de localiser le plus grand nombre de sources disponibles sur ce sujet, de quelque nature qu’elles soient, dans l'idée qu'aucun type de document ne doit être écarté : les archives écrites, publiques ou privées, constituent bien sûr le cœur de la documentation, mais sont également collectés les périodiques, les documents iconographiques (photographies, cartes postales, caricatures, dessins, etc.) ou audiovisuels, la littérature grise voire même des objets en rapport avec le sujet.
D’emblée, notre démarche s’est heurtée à plusieurs difficultés inhérentes à un sujet aussi vaste que complexe. En premier lieu, le Guide du chercheur en histoire de la protection sociale des métiers du spectacle et des médias couvre des univers socioprofessionnels différents, bien qu’ils se rejoignent, notamment à la radio et à la télévision où se côtoient des professionnels de la presse et du spectacle. A cette première difficulté, s'ajoute le choix d'une période chronologique très large : le point de départ de notre étude a été fixé au début du XIXe siècle, qui vit naître les premières institutions de protection sociale de ces professions, jusqu'à la fin du XXe siècle qui coïncide avec les premières fusions conduisant à la naissance d'Audiens. De même, le cadre géographique couvre l’ensemble du territoire français. Mais si les départements et territoires d’outre-mer[24], l'Algérie, jusqu'en 1962, et les anciennes colonies et protectorats français jusqu'à leur indépendance ont été intégrés à notre étude, les résultats des enquêtes y ont été, dans l'ensemble, peu concluants, en particulier dans les départements et territoires d’outre-mer, très peu représentés dans cette étude.
Avant toute chose, il paraît nécessaire de définir ce que l’on entend par protection sociale, dont « le concept même (…) fait problème »[25]. La notion de protection sociale est une construction historique, dont les origines sémantiques appellent un questionnement : on pourrait même s’interroger sur le terme de « protection », qui sous-entend une prise en charge des risques par un tiers, et lui substituer celui de « prévoyance », suggérant une démarche volontaire visant à se prémunir contre les risques sociaux. Cette vision semble plus conforme à la réalité, en particulier pour le XIXe siècle et le début du XXe siècle. Avant l'instauration des Assurances sociales, en 1930, et plus encore de la Sécurité sociale à la Libération, en l'absence de système de protection sociale obligatoire, les individus doivent s'organiser eux-mêmes face aux aléas du sort. Les fonds modernes des centres d'archives publiques - série X pour les archives départementales et série Q pour les archives municipales - sont d'ailleurs regroupés sous le terme de « prévoyance sociale ». La notion de protection sociale est en outre polysémique : dans une conception restreinte, elle désigne « l’ensemble des institutions et des mesures qui permettent de protéger les individus en cas de maladie, d’accident, de vieillesse ou de décès ». Mais prise dans son sens large, la protection sociale peut « confondre législation sociale et droit du travail »[26] et intégrer assistance, bienfaisance privée, prévoyance, mutualité, assurances sociales, Sécurité sociale, allocations familiales, jusqu'aux accidents du travail et la santé au travail. Dans le cadre de cette étude, à la fois très spécifique et très vaste, nous nous bornerons à la première définition, en nous intéressant à la prise en charge des risques inhérents aux professions du spectacle et de la presse, « toutes marquées par une grande flexibilité découlant de l’irrégularité permanente de la charge de travail et par une mobilité sociale et géographique importante »[27] : la vieillesse, la maladie, l’invalidité et le chômage.
Il s’agit ici de comprendre comment ces professionnels du spectacle, de la presse puis de l'audiovisuel font face aux principaux risques de la vie, à une époque où l’Etat n’intervient pas, ou peu, dans ce domaine : rappelons que les mesures destinées à améliorer les conditions de vie des classes sociales défavoriséessont mises en œuvre très progressivement, à partir du milieu du XIXe siècle. A l’époque, l'émergence d'une classe ouvrière sans cesse plus nombreuse et réduite à l'indigence en cas de maladie ou de chômage rend les risques sociaux de plus en plus visibles. Si les fonctionnaires bénéficient d’un système de retraite dès 1853, la situation des autres travailleurs est très variable : certes, certains employeurs prennent modèle de la loi en créant des caisses de retraite, mais tous ne le font pas, loin de là. C'est surtout dans les secteurs professionnels soumis à de fortes contraintes, telles les mines, les chemins de fer et la métallurgie, que ces mesures sont adoptées, dans le but précis de stabiliser la main d'œuvre. Une enquête réalisée en 1898 révèle à cet égard « le développement limité des caisses patronales au tournant du siècle »[28]. A l'aube du XXe siècle, seuls environ 10 % des ouvriers bénéficient de mesures de retraites.
En 1910, après « maintes péripéties »[29], sont votées les Retraites ouvrières et paysannes (ROP). Mais en dépit de l’importance fondamentale de cette loi dans le paysage social français en tant que « première législation d'assurance sociale obligatoire », les ROP se heurtent à l’opposition d'une « constellation libérale »[30], rassemblant des milieux de droite, le patronat, la mutualité et la CGT. Dans un autre domaine, la loi du 9 avril 1898 qui fait des accidents du travail « un risque industriel, inhérent aux conditions de travail dans les usines modernes », renverse la situation : jusqu'alors, les ouvriers devaient apporter la preuve de la responsabilité de leur employeur dans un accident au travail pour pouvoir espérer une indemnisation. Désormais, la responsabilité de l'accident revient au patron, « au motif que principal bénéficiaire de la force de travail, celui-ci a l'obligation d'en assurer l'entretien »[31]. Dans le sillage de la loi, se développe un système d'assurances permettant aux employeurs de se prémunir contre les conséquences financières de ces accidents.
Quant au risque maladie, on peut sans doute trouver une première ébauche de Sécurité sociale en 1813, avec le décret interdisant le travail dans les mines des enfants de moins de dix ans, et la mise en œuvre de la Société de prévoyance pour les mineurs des Houillères de l’Ourte (région de Liège), financée par des cotisations obligatoires à la charge de l'Etat, de l'employeur et des ouvriers. Il faut toutefois attendre plus d’un siècle pour que ce système soit généralisé par les Assurances sociales, qui voient le jour en 1930, au terme d’une décennie de tensions et de négociations entre opposants et partisans du régime. Les lois du 5 avril 1928 et du 30 avril 1930 instaurent un système qui concerne exclusivement les salariés du commerce, de l’industrie et les professions agricoles ne dépassant pas un certain plafond de ressources, financé par des cotisations ouvrières et patronales[32]. Enfin, depuis 1945, la Sécurité sociale « s'impose comme une pièce essentielle du pacte social voulu par la Nation au sortir de la guerre »[33] et garantit une protection sociale à toute la population, sans distinction.
En résumé, jusqu’au milieu du XXe siècle, les principaux risques sociaux – maladie, invalidité, chômage et vieillesse – sont relativement délaissés par l'Etat, en dépit des progrès apportés par les retraites ouvrières et paysannes (1910) et par les Assurances sociales (1930). Mais paradoxalement, la protection sociale – ou prévoyance sociale – en tant que telle existe déjà. Elle est même « foisonnante » et multiforme, au travers d'un « assemblage composite de lois sectorielles, mesures protectrices et auto-protectrices et de régimes spéciaux (la vieillesse étant le risque le plus couvert), impliquant des logiques et des dispositifs de nature très différente ». Les risques sociaux sont pris en charge par un réseau de sociétés de secours mutuels et de caisses de solidarité qui apparaissent souvent comme la préfiguration des institutions modernes mises en œuvre durant la seconde moitié du XXe siècle. Chaque risque est géré par un acteur spécifique, différent en fonction des professions et des couches sociales et de natures fort diverses, « privée (bienfaisance laïque ou religieuse et protection d'entreprise) ou publique, individuelle ou collective, facultative ou obligatoire, locale ou nationale, territoriale ou sectorielle ou encore professionnelle ou interprofessionnelle »[34]. Si les choses se clarifient avec la mise en place de la Sécurité sociale, de nombreux régimes particuliers subsistent toutefois. Le secteur des retraites, en particulier, demeure multiforme, tant pour le régime de base que pour les retraites complémentaires. Reste maintenant à savoir où se situent les travailleurs de la presse et du spectacle dans cet imbroglio.
Spectacle et médias, des univers particuliers à explorer
Les professions concernées par notre étude constituent une difficulté supplémentaire : spectacle et médias sont en effet deux sphères professionnelles particulières et aux problématiques divergentes, bien qu'elles se recoupent parfois, notamment dans l’audiovisuel, qui constitue un point de rencontre entre les deux branches. D'autre part, le spectacle est un univers aux contours flous dans lequel il est difficile d’arrêter une frontière bien nette entre professionnels et amateurs. La notion d' « artiste », qui « renvoie à une réalité à la fois objective et subjective, complexe, multiple, mouvante »[35], prête à confusion. De fait, ce terme recouvre à la fois l'art du spectacle vivant et l'art pictural et plastique – peintres, sculpteurs, graveurs, etc. – exclus de notre recherche. Or, les sociétés et associations artistiques ne précisent pas toujours à quelles professions elles s'adressent. Le qualificatif de « forains » est lui aussi source d’ambiguïté, puisqu'il désigne tout autant les marchands forains que les professionnels du cirque et des arts de la rue ; toutes ces professions itinérantes n’étant pas toujours bien définies et identifiées, en particulier au XIXe siècle. Marionnettistes, gens du cirque et autres saltimbanques font d'ailleurs figure de parent pauvre de notre étude, en raison du manque de visibilité et de la rareté des structures de protection sociale dans ces métiers. Et si des associations et syndicats professionnels existent, ils ne disposent pas d'éléments sur la protection sociale en tant que telle.
Le spectacle se caractérise également par une extrême diversité de professions, qui va des techniciens et ouvriers, costumiers, décorateurs aux metteurs en scène, acteurs et comédiens, exerçant eux-mêmes « des activités très disparates selon la discipline pratiquée (théâtre, art lyrique, danse, variétés, cirque, cabaret, radio, télévision…) »[36]. Derrière la figure polymorphe de l'artiste - acteur, danseur, chanteur, musicien, comédien, mais aussi marionnettiste, clown, prestidigitateur, etc. -, on ne saurait oublier les multiples professionnels exerçant en coulisse, ces « invisibles du divertissement (…) qui dans l'ombre, bâtissent, transforment, animent le cadre de l'illusion », tout comme « ceux qui fabriquent les éléments matériels » : machinistes, accessoiristes, techniciens du théâtre ou du cinéma, éclairagistes, accessoiristes, habilleuses, coiffeurs, maquilleurs, costumiers, couturiers, décorateurs, etc., ainsi que « les autres, ceux de l'environnement, les caissières, les contrôleurs, les ouvreuses, bien visibles et simplement cachés par l'indifférence du public »[37]. Loin de se limiter aux artistes, le monde du spectacle recèle une pléthore de professions qui évoluent au rythme des techniques et des moyens de diffusion, de la radio à la télévision, en passant par le cinéma. L'exemple des techniciens de l'éclairage est particulièrement révélateur : aujourd'hui électriciens, ils ont été successivement baptisés «illuminateurs », « luminaristes », « lampistes », « moucheurs » et « gaziers », en fonction des techniques utilisées et du niveau de compétence requis[38]. Cette disparité professionnelle se double d'une grande gamme de secteurs d'activité : chanson, danse, musique, théâtre, cinéma, radio…Et à l'intérieur de ces secteurs, émergent d'autres scissions : ainsi, dans la chanson, l'art lyrique se distingue de la variété et du cabaret.
S'y ajoute une grande disparité de niveaux de vie, accentuée au cours des années 1920 par l’apparition du « clivage entre les professionnels attachés au salariat, "le prolétaire de la glotte" (…) et les "aristocrates du métier" revendiquant le statut d’artiste »[39]. La gloire et la postérité acquises par une poignée de vedettes et de stars ne doivent pas faire oublier qu’au XIXe siècle, le niveau de vie de la majorité des artistes est sensiblement le même que celui de la classe ouvrière. A la fin des années 1960 encore, bien que « l'argent gagné par quelques-uns crée l'illusion que les professionnels du spectacle dans leur ensemble sont dans le lot des privilégiés », la très grande majorité des artistes interprètes (86 %) gagne moins de 1000 francs par mois ; de plus, tous sont soumis à un chômage endémique, de près de 80 %, dans un contexte général encore relativement prospère[40]. Une autre hiérarchisation s'établit en fonction des lieux d'exercice, du genre des spectacles et des publics, avec « du plus bas au plus haut de l'échelle sociale : le beuglant ou le café-concert et le Théâtre français »[41]. De plus, le spectacle se divise en deux grands secteurs, l'un subventionné, comprenant les théâtres nationaux, municipaux, les centres dramatiques nationaux, les maisons de la culture et les établissements d'action culturelle, et le secteur privé, qui regroupe les théâtres, tournées théâtrales, et toutes les autres institutions, telles les cirques et casinos ; tous ayant « leurs propres caractéristiques, statuts, activités, modes de financement, système de gestion »[42]. Aucune comparaison n'est donc possible entre un petit théâtre de province, une troupe théâtrale ou un café-concert parisien et les grandes institutions de la Comédie française, de l’Opéra de Paris ou de l'Opéra comique, dont le personnel bénéficie de leur propre régime de protection sociale, depuis le XVIIe siècle pour l’Opéra[43].
Cette hétérogénéité se retrouve dans les médias : les frontières professionnelles y sont certes plus précises, mais là encore, règne une profusion des métiers, qui va croissant avec l'évolution des techniques d’impression et de diffusion. Derrière les typographes et les journalistes, figures emblématiques de la profession, d’autres acteurs sont à prendre en compte : imprimeurs, lithographes, correcteurs, protes, fondeurs en caractères, linotypistes, stéréotypeurs, rotativistes, clicheurs-galvanoplastes, bobineurs, pressiers, ainsi qu’ « une multitude de représentants des petits métiers annexes de la presse »[44] : marchands et vendeurs de journaux, crieurs, kiosquiers, etc. Comme dans le spectacle, cette multitude de professions s'accompagne d'une grande diversité de statuts socioprofessionnels et de niveaux de vie. Une première hiérarchisation s’établit entre les journalistes, « moins bien organisés mais dont le prestige fait la force », et les ouvriers, « les plus nombreux et les mieux organisés »[45]. Les journalistes, qui s'affirment comme une profession intellectuelle, se démarquent volontairement des ouvriers.
Dans cet univers ouvrier, une fracture supplémentaire sépare les métiers de la préparation (saisie et mise en page du journal), réalisés par les typographes, compositeurs et correcteurs, « les Singes, habiles et cultivés », de ceux de l’impression (fabrication et expédition des journaux), où se retrouvent « les Ours, ouvriers des presses robustes et illettrés »[46]. A cette hétérogénéité professionnelle, sociale voire culturelle est associé un corporatisme très fort. Malgré l’existence du Syndicat du livre, censé représenter la profession, les ouvriers de la presse sont divisés en plusieurs corporations qui se côtoient, mènent des luttes communes, mais ne se mélangent pas. Ainsi, les correcteurs et typographes, qui « se sont longtemps considérés comme l’élite intellectuelle du mouvement ouvrier qui avait conquis ses lettres de noblesse lors des émeutes de 1830 et de 1848 », affirment leur différence face aux rotativistes, qui « par leur force physique et leur cohésion, constituaient le fer de lance des services d’ordre de la CGT puis du Parti communiste français »[47].
Une autre difficulté, liée à la spécificité de ces professions organisées de façon précoce, en particulier dans la presse[48], tient à la variété des institutions concernées par la prise en charge de la protection sociale : outre les mutuelles, on doit s'intéresser à des syndicats professionnels et à des structures associatives. Cette caractéristique tient à la nature double du mouvement mutualiste au XIXe siècle : suite à la loi le Chapelier (1791), renforcée par le code pénal (1810), qui proscrit les associations ouvrières, les sociétés de secours mutuels sont souvent utilisées comme une couverture pour des activités revendicatives, offrant ainsi « un cadre à une action ouvrière collective qui se cherche »[49]. Autrement dit, pour contourner l’interdit de la loi, les associations corporatives et de résistance revêtent la forme mutualiste : c'est le cas de l’Association typographique pour l’établissement d’une caisse de secours mutuels et de prévoyance de Nantes, créée en 1833[50]. En 1852, cette dualité est remise en cause par le cadre juridique de la Mutualité impériale établi par Napoléon III, qui « consacre une dissociation durable entre sociétés de secours mutuels et syndicats »[51] : désormais encadrées par des notables, organisées sur une base géographique, et non plus professionnelle, et spécialisées dans la prise en charge de la maladie, les sociétés de secours mutuels abandonnent progressivement la voie revendicative.
Mais le passé mutualiste des associations ouvrières laisse parfois des traces et la conjonction d'activités solidaires et revendicatives reste la règle dans certains corps de métiers : ainsi, dans le livre et la presse, les syndicats professionnels sont à l’origine de la création de caisses de solidarité, de chômage, de retraite et de secours mutuels. Considérant que « l'action mutualiste et l'action revendicative ne se dissocient (…) pas »[52], la Fédération française des travailleurs du livre (FFTL), créée en 1885, met ainsi en œuvre un grand nombre d’œuvres sociales et de services : indemnités de grève, secours en cas de maladie ou de chômage, viaticum (une indemnité de voyage, destinée aux ouvriers contraints de changer de ville pour trouver du travail), ainsi que des mesures de placement et d'apprentissage. Ces institutions mutualistes, caisses de retraite et de solidarité, « à travers lesquels se forge la solidarité ouvrière »[53], représentent d'ailleurs une force incontestable pour la Fédération ; elles contribuent même, selon Madeleine Rebérioux, à son maintien dans les années 1920, dans un contexte marqué par une baisse des effectifs syndicaux.
De leur côté, les journalistes, dont la profession émerge tardivement, à la fin du XIXe siècle, privilégient la forme associative, qui représente « l'un des actes fondateurs de l'identité professionnelle », tout au moins jusqu'en 1914. Reflet de la méfiance des journalistes à l'égard des organismes revendicatifs, ce mode d'organisation, apparu à la fin du XIXe siècle, combine revendications, solidarité professionnelle et entraide sociale, par le biais de secours et de pensions. Tout en leur permettant de « créer des traditions de solidarité et de confraternité », les associations sont un moyen de « contenir et de réguler le flot continu des nouveaux arrivés »[54]. Les journalistes se regroupent en fonction de plusieurs critères, politique, idéologique, géographique, professionnel, technique ou religieux : Association de la presse républicaine départementale (1879), Association des journalistes parisiens (1884), Association de la presse judiciaire (1886), Association des nouvellistes parisiens (1893), etc. Les choses évoluent après la Première Guerre mondiale, durant laquelle « la presse et ses rédacteurs ont participé au "bourrage des crânes" et à la propagande de guerre » et qui entraîne une fragilisation économique de la presse. Dans ce contexte, en 1918, est créé le premier syndicat des journalistes « dans le but de mieux structurer et défendre la profession »[55].
Dans le spectacle également, interviennent des institutions multiples et de natures variées : mutuelles, caisses de retraite, associations, organismes paritaires et syndicats, qui associent bien souvent à l'action revendicative des aides sociales. Ainsi, la Chambre syndicale des artistes dramatiques, lyriques et musiciens créée par Raymond Broca en 1890, lutte déjà pour l’amélioration des conditions d’hygiène et contre les amendes et les quêtes dans les cafés concerts. En 1917, l’Union des artistes est créée sous la forme d'une association, « afin que les plus démunis d’entre nous puissent s’acheter du charbon pour se chauffer »[56]. D’emblée, l’Union s’affirme comme étant « en dehors même de tout esprit mutualiste ou syndicaliste »[57]. Certes, ce vœu pieux est abandonné dix ans plus tard, en 1927, lorsque l’Union se transforme en chambre syndicale. Sont toutefois maintenues des mesures de protection sociale, comme la cotisation pour une caisse de retraite et l’organisation du gala annuel de l’Union, « dont une partie revient à la Maison de retraite des vieux comédiens de Couilly-Pont-aux-Dames jusqu’en 1951, et qui fera les beaux jours des soirées télévisuelles de l’après-guerre »[58]. Ces exemples en disent long sur la gamme des moyens d’organisation utilisés dans le spectacle.
Autrement dit, restreindre la recherche aux seules institutions de prévoyance représenterait une erreur, voire un contresens, surtout au XIXe siècle, époque à laquelle, nous l’avons vu, sociétés mutualistes et organismes de résistance sont étroitement mêlés. Cette caractéristique induit l’élargissement d’un champ de recherche déjà vaste. En conséquence, il serait vain de prétendre à l'exhaustivité : nous nous focaliserons ici sur les mutuelles, syndicats et associations propres aux professions des médias et du spectacle, ignorant en cela le nombre des travailleurs adhérant à d’autres organisations non professionnelles, interprofessionnelles ou interentreprises. De fait, il est parfois difficile d'identifier les travailleurs de la presse au sein de sociétés mutualistes couvrant l'ensemble des salariés d'une entreprise : c’est le cas des imprimeries, dont la publication de revues et journaux ne représentaient souvent qu’une branche d’activité parmi d’autres, et où ces derniers se trouvaient mêlés à d'autres corps de métiers.
Des pistes de recherche qui restent à creuser
Enfin, un autre obstacle, de nature technique, réside dans la nature des institutions concernées par notre étude. A l’origine, nous projetions de recenser le plus grand nombre de documents possible, non seulement dans les centres d’archives publiques, bibliothèques et institutions de recherche, mais également dans les structures professionnelles en tant que telles. Mutuelles, syndicats et associations du spectacle et des médias d’une part, et un échantillon d'entreprises représentatives de ces deux secteurs d'autre part : organes de presse (journaux nationaux, régionaux, quotidiens, hebdomadaires, mensuels, etc.), chaînes de télévision et de radio pour les médias, salles et entreprises de spectacle, institutions culturelles et compagnies théâtrales pour le spectacle. Or, l’accès aux archives de ces différentes institutions et entreprises dépend intégralement du bon vouloir de leurs représentants, de l'intérêt qu'ils portent à notre demande, et de leur volonté d'ouvrir leurs archives aux chercheurs. Dans la presse, notre demande a été systématiquement rejetée : considérés comme confidentiels, ces documents, même historiques, ne sont pas communicables. Pour le spectacle, la situation est plus nuancée : dans certains cas, les fonds sont déposés dans des centres d'archives publiques, municipales ou départementales. Dans d'autres, les archives ne sont ni classées, ni inventoriées, ou dans un état de conservation tel que leur consultation s'avère impossible. Parfois encore, aucun document sur ces sujets n'a pu être identifié par nos interlocuteurs. En conséquence, il a été décidé de laisser de côté cette piste de recherche intéressante, et sans doute à explorer de nouveau dans l'avenir.
Concernant les institutions de protection sociale – mutuelles du spectacle, de la presse, syndicats, institutions médico-sociales, organismes collecteurs, etc. –, la situation est également très diverse. Encore une fois, l'intérêt porté par nos interlocuteurs à notre démarche apparaît comme fondamental. Doivent également être prises en compte la situation de l’organisme – en activité ou non, fusionné au sein d'un autre groupement ou non –, tout comme la qualité et la quantité de la documentation conservée. Certaines institutions ne figurent pas dans cette présentation, en dépit de l’importance qu’elles ont pu avoir dans la protection sociale de ces professions, soit parce qu'elles n'ont jamais répondu à nos demandes renouvelées, soit parce qu’aucun document d’archive n’a été retrouvé ou identifié. Ainsi en est-il des trois maisons de retraite du spectacle : qu’il s’agisse de la Maison de retraite Couilly-Pont-aux-Dames, de la Résidence retraite du cinéma et du spectacle (RRCS) de Vigneux-sur-Seine ou de la Maison de retraite des artistes lyriques de Ris-Orangis, autrefois propriété de la MAPS, très peu de documents d’archives ont pu nous être communiqués. Différentes raisons sont invoquées : la disparition accidentelle des archives (Couilly-Pont-aux-Dames), l’absence de classement (Ris-Orangis), ou encore l’impossibilité de retrouver les documents historiques de l’établissement (RRCS). Pour d'autres organismes, la quantité d'archives est disproportionnée par rapport à leur histoire : à la Mutuelle nationale des artistes (MNA), la plus ancienne des mutuelles du spectacle créée en 1840 par le baron Taylor, la pauvreté de la documentation s'explique par la disparition accidentelle d'une partie des archives - incendie et inondations -, tandis qu'une autre partie des documents a été volontairement détruite par un ancien dirigeant. Enfin, dans beaucoup d'organisations, l'absence de classement et d'inventaire rend les archives pratiquement inutilisables.
En conséquence, nous devons nous « contenter » – la masse de documents recensés étant déjà bien dense ! – des fonds d’archives publics ou déposés dans ces centres publics, ainsi que des archives des organismes ayant accepté de nous donner accès à leurs fonds. Dans les centres d'archives publics, les choses n’étaient pas simples non plus. A première vue, il paraissait évident de recenser les inventaires des séries d’archives entrant dans le cadre du Guide[59]. Cependant, ce cadre de classement ne coïncide pas avec la logique de notre étude : alors que nous nous intéressons à des structures professionnelles, le classement des archives publiques repose sur une logique géographique et comporte rarement des indications professionnelles. Or, dans un grand nombre de cas, les archivistes se sont déclarés dans l’impossibilité de nous aider dans notre travail et il s'est avéré nécessaire d’aller sur place pour procéder au dépouillement des fonds. En raison des contraintes matérielles, financières et temporelles induites par de tels déplacements, nous n'avons pu nous rendre dans l’ensemble des départements, ce qui explique que certains inventaires soient moins précis et complets que d’autres. Dans la majorité des cas, néanmoins, il a été procédé à un échantillonnage représentatif, sur l’ensemble de la période, apte à nous donner la vision la plus claire et précise possible des structures existantes et de la documentation disponible.
Dans ce travail d'enquête méticuleuse, la collaboration de plusieurs chercheurs s'est avérée essentielle : Elvina Fesneau, pour les archives de Radio-France, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) et les Archives départementales de la Gironde ; Sylvie Charlier, pour certains départements (Nièvre, Seine-Saint-Denis, Yonne) et l'accès aux organisations professionnelles du livre ; Pascale Goetschel, pour les Archives départementales de la Haute-Garonne et des Bouches-du-Rhône. Citons enfin la participation active d'Eric Belouet pour la région Alsace-Lorraine.
Un cadre de recherche bien balisé ?
Protection sociale, mutualité, chômage, retraites : des champs historiographiques récents
« L'historien est d'abord fils de son temps et (…) il tire sa justification des facilités de compréhension du temps présent qu'il apporte à ses contemporains »[60]. L'explication donnée par Jean-Pierre Gutton sur le retard de l'histoire de la vieillesse vaut pour la protection sociale dans son ensemble : qu’il s’agisse de la Sécurité sociale, de la mutualité, de la retraite ou de toutes les institutions de protection sociale, « longtemps parent pauvre de l'historiographie contemporaine »[61], la discipline historique a aujourd'hui en partie comblé son retard. Toutefois, en 2001, André Gueslin estime encore que la Sécurité sociale est « fort mal connue au plan historique »[62]. De fait, il faut attendre la fin des années 1970 pour que cette histoire prenne ses marques. La crise économique contribue alors à faire progresser la réflexion sur la protection sociale, dont le grand public prend brutalement conscience des difficultés et des limites. L'analyse de l’histoire de nos systèmes de protection sociale se développe donc en grande partie au cours des années 1980, marquées par les « Trente Piteuses » : les effets de deux chocs pétroliers – apparition d'un chômage de masse, difficultés de la Sécurité sociale – favorisent sans doute l'émergence de ce champ historique. Car dans une période de crise,qui « exige des forces sociales en présence l'invention de nouveaux modèles et la recherche de transformations des catégories existantes, en premier lieu de celles qui formalisent le travail, l'emploi salarié, le chômage »[63], il paraît d'autant plus essentiel de revenir sur la construction des modèles sociaux en place.
A la même époque, acteurs et professionnels des institutions de prévoyance, tels les mutualistes, jusque-là relativement indifférents à leur passé, commencent à comprendre l’enjeu de l’histoire pour la transmission de leurs valeurs et la compréhension de leur identité. Cet intérêt croissant pour leur patrimoine historique doit beaucoup au développement de la concurrence des compagnies d'assurance et des institutions de prévoyance dans le champ de la prévoyance santé, qui incite les mutualistes à trouver des arguments autres que financiers « pour communiquer le "feu sacré" à des adhérents de moins en moins militants »[64]. Quant aux historiens du social, ils se sont eux aussi longtemps désintéressés de cette histoire qui leur apparaissait comme « un objet d'étude peu digne d'intérêt, voire négligeable ». Jusqu'à la fin des années 1970, leur attention reste focalisée sur « les formes les plus visibles, les plus hautes en couleur, de l'histoire ouvrière »[65], tels les syndicats et leurs luttes ouvrières. Il faut là aussi attendre le tournant des années 1980 pour que l'autre versant de l'histoire sociale, chargé de la réforme, de la gestion du social et de la protection sociale, devienne un réel centre d'intérêt historique.
A la suite de quelques travaux pionniers lancés dans les années 1970 – en particulier la thèse de Henri Hatzfeld sur les origines de la Sécurité sociale en France, publiée en 1971 dans l'indifférence quasi-générale[66], suivie des travaux du Comité d’histoire de la Sécurité sociale, amorcés en 1973 –, l’histoire de la Sécurité sociale commence véritablement à prendre pied durant les années 1980[67]. De même, c’est seulement à la fin des années 1980 que l'histoire de la mutualité rattrape son retard, principalement grâce aux travaux de Bernard Gibaud[68], Michel Dreyfus[69] et Patricia Toucas-Truyen[70]. Le premier colloque sur l’histoire de la mutualité, organisé à l’occasion du centième anniversaire du premier congrès des sociétés de secours mutuels, en 1983, suivi quatre ans plus tard du colloque national sur l’histoire de la mutualité et de la protection sociale à Albi font figure de moments clé[71]. Près de vingt ans plus tard, en 2008, Michel Dreyfus affirme néanmoins que « l’histoire de la mutualité reste encore largement méconnue », insistant sur le fait qu' « il est d’ailleurs paradoxal que l’histoire du mouvement social français le plus ancien (il est né à la Révolution française), le plus puissant (…), reste à ce point dans l’ombre »[72]. Et de fait : si les principaux jalons en sont maintenant bien connus, de grandes zones d’ombre subsistent et parmi elles, la situation des professionnels de la presse et des médias.
Sans hasard, on peut également dater les principales recherches historiques sur le chômage en France des années 1980, avec notamment les travaux de Christian Topalov[73] et de Nicolas Baverez[74]. Jusqu'alors, la question du placement des travailleurs sans emploi « occupait (…) une place limitée, pour ne pas dire inexistante »[75]. Certes, la notion du chômage est très jeune, forgée au tournant du XXe siècle seulement, et l'intervention de l'Etat dans ce domaine est très tardive : l'aide aux chômeurs s'est longtemps cantonnée à l'assistance municipale et à l'entraide professionnelle ou privée. En 1930, lors de la mise en œuvre des assurances sociales, il est le seul risque social à ne pas entrer en ligne de compte, et reste réduit à l'assistance. Et à nouveau, en 1945, la Sécurité sociale le laisse de côté, dans l'idée que « le chômage est définitivement vaincu et qu'il n'est donc plus besoin de s'en occuper »[76]. Certes, chômage et placement n'étaient pas absents des recherches historiques et économiques sur le marché du travail et le syndicalisme, et pointaient par le biais de l'analyse des revendications ouvrières et des acquis sociaux. Mais manquait une analyse du chômage en tant que tel, de ses origines, des moyens d'y remédier, des actions publiques mises en œuvre par l'Etat.
Autrement dit, protection sociale, mutualité, chômage et retraite sont des champs de recherche historique relativement jeunes, dans lesquels subsistent de larges vides.
L'histoire sociale au croisement de l'histoire culturelle
Qu'en est-il maintenant des univers socioprofessionnels du spectacle et de la presse ? Depuis des décennies, l'histoire de l'Art, dans ses aspects créatifs et techniques, fait couler beaucoup d'encre. En revanche, les conditions sociales et de vie des artistes, leurs représentations sociales, leur place et leur rôle dans la société ont surgi plus tardivement dans les recherches historiques, essentiellement à partir des années 1970. Si Pierre Chesnais fait exception en 1957 avec son ouvrage L'acteur[79], notons que ce dernier parle au nom du Syndicat national des acteurs, et non en tant que chercheur. En 1974, le Syndicat français des artistes interprètes constate encore l’absence d’ouvrage donnant « un reflet fidèle en sa diversité des conditions de vie professionnelle et sociale des artistes interprètes »[80]. Depuis, ce vide a été largement comblé : l’intérêt des chercheurs est attisé par la situation des intermittents du spectacle, leur position inédite et les remous provoqués par les réformes de leur système de protection sociale depuis la fin du XXe siècle. Subsiste cependant « un certain cloisonnement entre l’histoire culturelle et l’histoire sociale [qui] explique que les mondes du spectacle ont été analysés surtout par le biais de la production culturelle et des politiques culturelles et peu par celui de la condition sociale ou salariale des artistes »[81]. Marie-Ange Rauch le confirme : les ouvrages sur l'histoire des théâtres ou des cafés-concerts s'intéressent rarement aux organisations sociales ou syndicales des artistes[82].
Ce constat pour le théâtre se retrouve dans tout le spectacle vivant : comme pour l'histoire sociale en général, les historiens se sont concentrés sur les conditions de création, l'évolution des réalisations, sur les conditions d'existence et les revendications des artistes, mettant de côté l'organisation de leur prévoyance sociale. En outre, derrière les artistes, la multitude des petits métiers précédemment citée demeure dans l'ombre. Pourtant, la précocité et la longévité des structures mutualistes créées dans le spectacle donnent à réfléchir : l'Association des artistes dramatiques et l’Association des artistes musiciens, créées respectivement en 1840 et 1843, ont largement anticipé la loi de 1852 sur les sociétés de secours mutuels, qui consacre l'essor du mouvement mutualiste français. Leur dynamisme est par ailleurs indéniable : à la fin du XIXe siècle, près de 55 % des artistes dramatiques et lyriques adhèrent à une mutuelle, « pourcentage sans équivalent dans aucune autre corporation »[83]. Notons aussi que l'Association des artistes dramatiques du baron Taylor est reconnue d'utilité publique huit ans seulement après sa création, en 1848 ; or, à l'époque, cette reconnaissance représente « une mesure d'importance », voire même une « faveur exceptionnelle »[84] pour le mouvement mutualiste.
Quant à l'histoire des médias, elle intègre un grand nombre de domaines de recherche : histoire des mentalités, des techniques, histoire politique, économique, mais aussi histoire sociale par ses acteurs, nombreux et sociologiquement très différents, etqui ont d’ailleurs suscité beaucoup de travaux historiques depuis les années 1980 : pensons aux ouvrages de Marc Martin[85] et de Christian Delporte[86] sur les journalistes, longtemps délaissés par l'histoire sociale à l'image de l'ensemble des professions intellectuelles et des classes moyennes. Mais ce sont les ouvriers du livre et de la presse, ces « ouvriers par tout à fait comme les autres »[87], qui ont fait l'objet des analyses les plus approfondies, notamment par le biais de leurs syndicats professionnels dont la puissance et la particularité n'ont manqué d'interpeller les chercheurs[88] : rappelons que la Société typographique de Nantes et l’Association typographique parisienne, créées respectivement en 1833 et 1839, sont à l’origine de la création de la Fédération française des travailleurs du livre, en 1881. Dans le livre comme dans la presse, mutualisme et syndicalisme sont donc intrinsèquement liés. A cet égard, il s'agit de distinguer la littérature scientifique proprement dite des écrits émanant des acteurs, professionnels ou militants syndicalistes, ces derniers ayant « rarement la tête historienne » ; en dépit de l'intérêt certain de ces témoignages, « dans la mémoire des acteurs, c'est souvent l'anecdote qui domine, plutôt qu'une chronologie sûre et le sens des mouvements d'ensemble »[89]. La disparition de certains métiers, liée au développement de nouvelles technologies, favorise également l'émergence d'ouvrages de témoignages à la mémoire des anciens « typos » et de cultures ouvrières en voie d'extinction[90].
En d’autres termes, malgré la persistance de certains secteurs socioprofessionnels peu ou inexplorés, tels les employés et les cadres administratifs, l'histoire des métiers des médias est globalement maîtrisée. Ajoutons les monographies de journaux, nombreuses, pour ne pas dire foisonnantes, à l'image de « l'océan des journaux de toutes catégories et de toutes dimensions »[91]existant, ou ayant existé en France. Mais ces analyses, indépendamment de leur qualité, ne traitent la prévoyance sociale qu'en de rares occasions. Quant aux autres médias - radio et télévision -, là encore les historiens se sont manifestés relativement tard, durant les années 1980, en raison de « préjugés longtemps nourris par beaucoup d'universitaires » envers ces secteurs. Toutefois, les nombreuses recherches entreprises depuis près de trente ans n'ont pas été vaines, et l'audiovisuel a aujourd'hui « conquis (…) sa pleine dignité dans le champ scientifique »[92]. voirau sujet du Gala de, en 1923, d'unncontournable du show-business français. n aide aux anciens artistes nécessiteux, qui de
Autrement dit, le spectacle, les médias et la protection sociale sont aujourd’hui des champs de recherche en plein essor. Mais force est de reconnaître qu’ils ont rarement été croisés. L’ouvrage de Marie-Ange Rauch sur le mouvement syndical des artistes interprètes, qui remonte aux racines de ce mouvement associatif et mutualiste, est en cela une exception, d’ailleurs remarquable[93]. Pour la presse, les nombreux travaux relatifs aux syndicats, dont la structuration précoce et inédite dans le champ social a favorisé un intérêt particulier, s’intéressent peu à leur versant social. Et si les plus illustres syndicats et sociétés de secours mutuels d'artistes et d'ouvriers du livre ont parfois été étudiés, la multitude de petites structures locales ou cantonnées à une catégorie professionnelle reste en revanche totalement méconnue. Cette lacune est d’autant plus surprenante que, comme le souligne Patrick Bézier, « nos secteurs professionnels ont souvent été pionniers dans le développement de la protection sociale »[94].
C'est donc à un champ de recherche quasi-inédit, ou du moins largement ouvert, que nous nous attachons ici. Comment les professionnels de la presse et du spectacle se prémunissent-ils face aux aléas du sort depuis le XIXe, témoin de l'essor de deux véritables industries, celles de la presse et du spectacle ? Quelles sont leurs modes d'organisation durant ces deux siècles, en fonction des évolutions socio-économiques, politiques, et techniques ? Comment ces structures solidaires évoluent-elles au cours du XXe siècle, et comment s’opèrent les différentes fusions qui mènent à la création d’Audiens en 2003 ? Cet ouvrage n'a pas pour objet de répondre à des problématiques si vastes et complexes, mais se contente de présenter, de la façon la plus complète possible, les sources de toutes natures disponibles aux chercheurs pour entreprendre des études sur ces sujets. Sans prétendre à l'exhaustivité, qui s'avère utopique dans toute entreprise de ce genre, ce travail vise à « offr[ir] dans le même temps des suggestions et un premier répertoire »[95] : considéré comme une première pierre à un vaste édifice, ce guide n’a pu explorer toutes les pistes de recherche envisageables. Ainsi, les débats parlementaires et projets de lois sur la protection sociale de ces professions, notamment des intermittents du spectacle, n’y figurent : ces questions mériteraient sans doute une recherche à part entière. Il ne s'agit pas non plus de procéder au dépouillement de la documentation en lieu et place du chercheur, mais de lui permettre de localiser et de quantifier les sources disponibles.
Par souci de logique et de clarté, les fonds d’archives et la documentation sont présentés par lieu de conservation, autrement dit par institutions, en commençant par les organismes publics, les bibliothèques et institutions de recherche puis les organismes privés : mutuelles, syndicats et associations. Nous avons par ailleurs fait le choix d’une publication mixte, à la fois sur papier et sur Internet, où est publiée l’intégralité des inventaires et sources collectées. D’une plus grande souplesse d’utilisation, la publication numérique a en outre l’avantage de pouvoir faire évoluer le recensement en fonction de la découverte ou du classement de fonds d’archives inconnus au moment de la recherche. La documentation identifiée est très variable d’un organisme à l’autre : de plusieurs pages, voire plusieurs centaines de pages pour les Archives nationales ou la Bibliothèque nationale, elle se réduit parfois à un unique document dans d’autres institutions. A chaque fois, nous nous efforçons de donner le maximum d'information sur les organismes dépositaires des fonds : coordonnées, conditions d'accès et horaires d'ouverture, bien sûr, mais également historique, vocation, mode de classement et instruments de recherche disponibles. Cette présentation est complétée par une bibliographie et par une présentation chrono-thématique des différentes étapes de la construction du système de protection sociale du spectacle et des médias.
[1] P. EVENO, « L’histoire de la protection sociale des métiers de la presse, de l’audiovisuel et du spectacle. Enjeux et état des lieux », in P. BEZIER (sdir.), Les coulisses de l'histoire : études sur la protection sociale de la presse et du spectacle aux XIXe et au XXe siècle., avec la collaboration d’Henri Bignalet et d’Axèle Muray, Paris, Jacob-Duvernet, 2009, 263 p., p. 16. Patrick Bézier a d'ailleurs consacré un livre à la naissance d’Audiens, avec la collaboration de F. Leray et F. Touazi, Le chemin des étoiles. Une fusion réussie en économie sociale, Paris, Jacob-Duvernet, 2008, 234 p. [2] P. BEZIER, Les coulisses de l'histoire (…), op. cit., p. 11. [3] L'IPS Bellini Gutenberg a été créé en 2002 par la fusion des groupes Bellini et Gutenberg. Le groupe Bellini, créé en 1993, est lui-même issu de la fusion de plusieurs caisses de retraite de la presse (Caisse nationale de prévoyance et de retraite des cadres de la presse et de la communication, créée en 1949, Caisse de retraite des entreprises de presse, créée en 1955, ANEP-Bellini, né en 1967, Bellini-Prévoyance et Iricase). La Caisse de retraite Gutenberg a été créée en 1952 pour les ouvriers et employés de la presse et du livre. En 2000, elle se transforme en Groupe Gutenberg, réunissant la Capsag (Caisse Presse de Salaire Garanti, née en 1960), Gutenberg Retraite, Gutenberg Prévoyance, la Mutuelle nationale du livre, de la presse et de la communication (MNLPC) et la Capprem (Caisse presse de préretraite employés, créée en 1972). [4] Le GRISS a été créé en 1975 pour prendre en charge la gestion administrative et comptable des institutions de retraite et de prévoyance du spectacle. Il regroupe la CANRAS, la CAPRICAS, la SARBALAS (devenue CARBALAS en 1977), l’IRECAS, la MUDOS, l’USS et l’UNIPAC, ainsi que l’AFDAS et les Congés spectacles. [5] Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés. [6] Association générale des institutions de retraite des cadres. [7] La CARCICAS (Caisse de retraite des cadres de l’industrie cinématographique, des activités du spectacle et de l’audiovisuel) a été créée en 1977, sur les bases de la 2e section de la CAPRICAS (Caisse professionnelle de retraite de l’industrie cinématographique, des activités du spectacle et de l’audiovisuel), née en 1943 sous le nom de CAPRIC, et rebaptisée CAPRICAS en 1955. [8] La CNC Presse est née en 1998 de la fusion de plusieurs caisses de retraite : CNPRCP (Caisse nationale de prévoyance et de retraite des cadres de la presse et de la communication) et CRPC (Caisse de retraite et de prévoyance des cadres). [9] L'Institution de prévoyance de l’industrie cinématographique, des activités du spectacle et de l’audiovisuel (IPICAS) a été créée en 1994 pour gérer le régime de prévoyance invalidité de la CAPRICAS. [10] B. VALAT, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967). L'Etat, l'institution et la santé, Paris, Economica, 2001,544 p., p. 2. [11] P. Bézier (sdir.), Les coulisses de l'histoire, op. cit., 263 p. [12] P. EVENO, « L’histoire de la protection sociale des métiers de la presse, de l’audiovisuel et du spectacle. Enjeux et état des lieux »,Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 17. [13] Cette société sera à l’origine de la Fédération des ouvriers typographes français et des industries similaires, qui devient en 1885 la Fédération française des travailleurs du livre (FFTL), puis, en 1984, la Fédération des industries du livre, du papier et de la communication (FILPAC). [14] Isidore Justin Séverin Taylor (1789-1879), auteur dramatique, homme d’art et philanthrope français, est Commissaire royal au Théâtre français puis inspecteur général des Beaux-arts. Dans les années 1840, il crée plusieurs sociétés de secours mutuels pour les artistes dramatiques (1840), les artistes musiciens (1843), les artistes peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et dessinateurs (1844) et les inventeurs et artistes industriels (1845). [15]J. FAVIER, avant-propos de l'ouvrage de M. DREYFUS, Les sources de l'histoire ouvrière, sociale et industrielle en France, XIXe-XXe siècles : guide documentaire, Paris, Les Editions ouvrières, 1987, 304 p, p. 7. [16] « Guides de recherche, guides et états des sources », voir le site Internet des Archives de France [en ligne], http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/chercher/organiser/sources/. [17] P-J. Derainne, P. Veglia, Les étrangers en France : guide des sources d'archives publiques et privées : XIXe-XXe siècles. Tome I : Ain-Gard, Tome II : Haute-Garonne-Oise, Tome III : Orne-Val d'Oise, Paris, Générique, Direction des Archives de France, 1999 ; P. Veglia, D. Folliet Les étrangers en France, Tome IV : Archives nationales, Paris, Générique, Direction des Archives de France, 2005. [18] C. Bard, A. Metz, V. Neveu, Guide des sources de l'histoire du féminisme : dela Révolution française à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. [19] Le sport, de l'archive à l'histoire, Actes des journées d'études organisées les 8 et 9 juin 2005 à Paris et à Roubaix par le Centre d'histoire de Sciences Po et le Centre des archives du monde du travail de Roubaix, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2006. [20] Coordonné par A. Tillier, avec la collaboration d'O. Faliu, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2004 et 2010. [21] L. DEVREUX, P. Mezzasalma (sdir.), Bibliothèque nationale de France, 2011, 540 p. [22] Fédération française des sociétés d'assurances, Comité scientifique pour l'histoire de l'assurance, Paris, Seddita, 2007, 117 p. Disponible sur le site de la Fédération française des sociétés d'assurance, [en ligne], http://www.ffsa.fr/sites/jcms/c_51277/la-recherche-universitaire?cc=fn_7325#corps2. [23] N. Carré de Malberg (sdir.), avec la collaboration de M. Eveno et P. Smith, Paris, Altadis-Editions Jacques Marseille, 2003, 480 p. [24] DOM et TOM, devenus Départements et Régions d’outre-mer et Communautés d'outre-mer DROM-COM. [25] M. REBERIOUX, « Etat et protection sociale sous la IIIe République », Colloque national d’Albi, « Mutualité et protection sociale », 24-26 septembre 1987, Paris, Mutualité française, 1988, p. 11. [26] Ibid. [27] P. EVENO, « L’histoire de la protection sociale des métiers de la presse, de l’audiovisuel et du spectacle. Enjeux et état des lieux »,Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 18. [28] E. FELLER, Histoire de la vieillesse en France (1900-1960), Paris, Seli Arslan, 2005, p. 227. [29] J. IMBERT, Guide du chercheur en histoire de la protection sociale, Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 1997, 253 p., p. 53. [30] B. DUMONS, G. POLLET, L'Etat et les retraites. Genèse d'une politique, Paris, Belin, 1994. [31] B. VALAT, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967), op. cit., p. 18. [32] A ce sujet, voir M. Dreyfus, M. Ruffat, V. Viet et alii, Se protéger, être protégé : une histoiredes assurances sociales en France, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. [33] B. VALAT, Histoire de la Sécurité sociale, op. cit., p. 4. [34] M. Dreyfus, M. Ruffat, V. Viet et alii, Se protéger, être protégé, op. cit., p. 19. [35] Syndicat français des artistes interprètes, La Vie d'artiste. Du mythe à la réalité, Paris, Epi, 1974, p. 5. [36] P. GOETSCHEL, « Pour une histoire de la protection sociale des métiers du spectacle », Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 113. [37] R. MURIAND, De la cour au jardin. Cent ans d'histoire syndicale dans le théâtre en France, Paris, Editions l'Ecrit, 1986, 189 p., p. 9. [38] Ibid., p. 30. [39] P. GOETSCHEL, « Pour une histoire de la protection sociale des métiers du spectacle », op. cit., p. 114. [40] La Vie d'artiste, op. cit., p. 8. [41] S. JOUANNY, L'actrice et ses doubles. Figures et représentations de la femme de spectacle à la fin du XIXe siècle, Paris, Droz, 2002, p. 11. [42] R. MURIAND, op. cit., p. 12. [43] A ce sujet, voir G. THUILLIER, Les pensions de retraite des artistes de l’Opéra (1713-1914), Paris, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, 1999. [44] P. EVENO, « Histoire du syndicat du livre », voir le site Internet La Presse à Paris, [en ligne], http://presse-paris.univ-paris1.fr/spip.php?article91. [45] P. EVENO, « Un panorama sur la protection sociale de la presse de ses origines à nos jours », Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 32. [46] Selon la typologie de Balzac dans Illusions perdues, P. EVENO, « Histoire du Syndicat du livre », op. cit. [47] P. EVENO, « Les métiers de la presse », site Internet La Presse à Paris, op. cit. [48] En 1822, sur 142 sociétés de secours mutuels professionnelles existantes, 30 sont dédiées aux métiers de l’imprimerie, cf. S. CHARLIER, « Le Syndicat du livre et la mutualité », Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 46. [49] M. DREYFUS, Liberté, égalité, Mutualité. Mutualisme et syndicalisme (1852-1967), Paris, Editions de l’Atelier, 2001, 350 p., p. 25. [50] S. CHARLIER, « Le Syndicat du livre et la Mutualité », op. cit., p. 47. [51] M. DREYFUS, « Autour des "régimes spéciaux" : retour sur l'évolution de la protection sociale en France », in M. PIGENET (sdir.), Retraite, une histoire des régimes spéciaux, ESF, Issy-les-Moulineaux, 2008, p. 23. [52] M. REBERIOUX, Les ouvriers du livre et leur fédération. Un centenaire (1881-1981), Paris, Temps actuels, 1981, p. 145. [53] Ibid., p. 110. [54] C. DELPORTE, Histoire du journalisme et des journalistes en France, Paris, PUF, Que sais-je ?, 1995, p. 37. [55] P. EVENO, « Les journalistes français », site Internet La Presse à Paris, op. cit. [56] J. TOULOUT, cité par R. SANDREY, Le Gala de l’Union des Artistes, photographies de Daniel Lebée, Paris Musée/Musée Carnavalet, 2005, p. 10. [57] Cité par M-A. RAUCH, « L’Union des Artistes : du groupement associatif à la création d’un Syndicat des artistes interprètes », in D. Tartakowsky, F. Tetard (sdir.), Syndicats et associations en France. Concurrence ou complémentarité ?, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004. [58] P. GOETSCHEL, « Pour une histoire de la protection sociale des métiers du spectacle », op. cit., p. 128. [59] Nous reviendrons en détail sur ces séries dans les chapitres Archives nationales, Archives départementales et Archives municipales. [60] J-P. GUTTON, Naissance du vieillard, Paris, Aubier, Collection historique, 1988, p. 7. [61] B. VALAT, Histoire de la Sécurité sociale (1945-1967), op. cit., p. 1. [62] Préface de l'ouvrage de B. VALAT, op. cit. [63] R. SALAIS, N. BAVEREZ, B REYNAUD, Les origines du chômage. Histoire et transformations d'une catégorie en France des années 1890 aux années 1980, Paris, PUF, 1986, p. 2. [64] P. TOUCAS, Histoire de la Mutualité et des assurances. L'actualité d'un choix, Paris, La Découverte Syros, 1998, 196 p., p. 101. [65] M. DREYFUS, Liberté, égalité, Mutualité, op. cit., p. 12. [66]H. HATZFELD, Du paupérisme à la Sécurité sociale. 1850-1940. Essais sur les origines de la Sécurité sociale en France, Paris, Armand Colin, 1971, 350 p., réédité aux Presses universitaires de Nancy en 1989. [67] A. GUESLIN, P. GUILLAUME (sdir.), De la charité médiévale à la Sécurité sociale, Paris, Les Editions Ouvrières, 1992, 340 p. ; F. EWALD, Histoire de l’Etat providence. Les origines de la solidarité, Paris, Grasset, 1996 ; B. VALAT, Histoire de la Sécurité sociale, op. cit. et B. PALIER., Gouverner la Sécurité sociale : les réformes du système français de protection sociale depuis 1945, Paris, Presses universitaires de France, 2002, 466 p. [68] B. GIBAUD, De la Mutualité à la Sécurité sociale, conflits et convergences, Paris, Les Editions ouvrières, 1986, 264 p., Mutualité, assurances (1850-1914), les enjeux, Paris, Economica, 1998, 216 p. et Fédérer autrement. Histoire de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), 1902-2002, Paris, Mutualité française, 2003, 196 p. [69] M. DREYFUS, La Mutualité, une histoire maintenant accessible, Paris, Mutualité française, 1988, 135 p., Liberté, Egalité, Mutualité, op. cit. [70] P. TOUCAS-TRUYEN, La Mutualité au sein des populations littorales en Charente inférieure (1850-1945), thèse publiée à la Librairie de l’Inde, 1998, 409 p., Histoire de la Mutualité et des assurances, op. cit. et L’identité mutualiste, Paris, ENSP, « Contrechamp », 2001, 95 p. [71] « Autour du premier congrès des sociétés de secours mutuels », Prévenir n° 9, mai 1984, p. 3 ; Mutualité et protection sociale, Colloque national d'Albi, 24-26 septembre 1987, Paris, Mutualité française, 1988, 107 p. [72] M. DREYFUS, « Les grandes tendances de la protection sociale et de la Mutualité depuis les années 1930 », Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 30. [73] Indemnisation du chômage et construction de la catégorie de chômeur. Etude comparative France-Grande-Bretagne-Etats-Unis, 1900-1940, Paris, Centre de sociologie urbaine, 1990 ; Naissance du chômeur : 1880-1910, Paris, A. Michel, 1994. [74] N. BAVEREZ, Chômeurs et chômage des années 1930 : l'exemple parisien, thèse de troisième cycle d'histoire économique, Paris 1, 1986. [75] V. MERLE, préface de l'ouvrage de M. MULLER, Le pointage ou le placement. Histoire de l'ANPE, Paris, L'Harmattan, 1991, 186 p. [76] M. DREYFUS, « Autour des "régimes spéciaux" », op. cit., p. 25. [77] E. FELLER, Histoire de la vieillesse en France, op. cit., p. 14. [78] Ibid., p. 143Outre les travaux d'Elise Feller, citons aussi G. POLLET et B. DUMONS, L’Etat et les retraites : genèse d’une politique, Paris, Belin, 1994. [79] P. CHESNAIS, L'acteur, Paris, Librairies techniques, 1957. [80] Syndicat français des artistes interprètes, La vie d’artiste, du mythe à la réalité, Paris, Epi, 1974, p. 6. [81] M. GREGOIRE, Un siècle d'intermittence et de salariat. Corporation, emploi et socialisation : sociologie historique de trois horizons d’émancipation des artistes du spectacle (1919-2007), thèse de sociologie sous la direction de Bernard Friot, Paris 10 Nanterre, 2009, p. 44. [82] M-A. RAUCH, Le drapeau de la philanthropie. A la recherche des origines de la MAPS, Paris, 2006, p. 39 (manuscrit non publié). [83] C. CHARLE, Théâtres en capitales. Naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne, Paris, Albin Michel, 2008, p. 151. [84] P. GUILLAUME, Mutualistes et médecins. Conflits et convergences (XIXe-XXe siècles), Paris, Editions de l'Atelier, 2000. [85] M. MARTIN, Contribution à l'histoire des journalistes et du journalisme en France : XIXe-XXe siècle et à l'histoire de la publicité en France, thèse de doctorat d’Etat, 1992, Histoire et médias : journalisme et journalistes français (1950-1990), Paris, Albin Michel, 1991 et Médias et journalistes de la République, Paris, Odile Jacob, 1997, 494 p. [86] C. DELPORTE, Histoire du journalisme et des journalistes en France, op. cit., Les journalistes en France (1880-1950) : naissance et construction d’une profession, Paris, Le Seuil, 1999 ; avec F. d’ALMEIDA, Histoire des médias en France de la Grande Guerre à nos jours, Paris, Flammarion, collection Champs Université, 2003. [87] M. REBERIOUX, Les ouvriers du livre et leur fédération (…), op. cit. [88] En particulier l'ouvrage de M. REBERIOUX, précédemment cité, et P. CHAUVET, Les ouvriers du livre en France de 1789 à la constitution de la Fédération du livre, Paris, 1964, Editions Manuel Rivière et Les ouvriers du Livre et du journal, Paris, Editions Ouvrières, 1971 ; R. Dombret, Histoire de la Fédération française des travailleurs du livre, 1881-1966. Quatre-vingt-cinq ans de vie et de luttes : des faits, des dates, Paris, la Fédération, 1966 ; Y. Blondeau, Le Syndicat des correcteurs de Paris et de la région parisienne (1881-1973), Fédération française des travailleurs du Livre, Thèse de doctorat, Paris 1, 1973 ; S. CHARLIER, Les ouvriers du livre parisien et leur syndicat CGT dans la crise des années trente, thèse d’histoire sous la direction de Danielle Tartakowski et Michel Margairaz, Paris 8, 2006. [89] J-N. JEANNENEY, Une histoire des médias, des origines à nos jours, Paris, Editions du Seuil, 1997, p. 8 ; parmi ces récits, citons R. DEDAME, A la santé des confrères, Paris, Syndicat général du livre, tomes I et II, 1992 et 1993, Une histoire des syndicats du livre... ou les avatars du corporatisme dans la CGT, Paris, Les Indes savantes, 2010. [90] I. REPITON, Touche pas au plomb ! Mémoires des derniers typographes de la presse parisienne, Pantin, Le Temps des cerises, 2008. [91] J-N. JEANNENEY, Une histoire des médias (…), op. cit. Parmi ces monographies, citons F. AMAURY, Histoire du plus grand quotidien de la IIIe République, Le Petit Parisien : 1876-1944, Paris, Presses universitaires de France, 1972 ; M. LAGREE, L’Ouest-Eclair : naissance et essor d’un grand quotidien régional, 1899-1933, Presses universitaires de Rennes, 2000 ; L. MARTIN, Le Canard enchainé ou les fortunes de la vertu : histoire d'un journal satirique 1915-2000, Paris, Flammarion, 2001 ; P. EVENO, Histoire du journal Le Monde : 1944-2004, Paris, Albin Michel, 2004 ; G. DELORME, Ouest-France. Histoire du premier quotidien français, Editions Apogée, 2004, 254 p. ; C. PENNETIER, J-F SIRINELLI, S. WOLIKOW (sdir.), L’Humanité de Jaurès à nos jours, Paris, Nouveau-Monde Editions, 2004 ; B. CHAMBAZ, L’Humanité : 1904-2004, Paris, Seuil/L’Humanité, 2004 ; C. BLANDIN, P. CAUCHY, A-G. CAUCHY, Le Figaro : deux siècles d’histoire, Paris, Armand Colin, 2007. [92] J-N. JEANNENEY, L'écho du siècle : dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France, Paris, Hachette littérature, 1999, p. 7. [93] M-A. RAUCH, De la cigale à la fourmi. Histoire du mouvement syndical des artistes interprètes français (1840-1960),Paris, Editions de l’Amandier, 2006, 371 p. [94] P. BEZIER, Les coulisses de l’histoire, op. cit., p. 11. [95] J. FAVIER, avant-propos de l'ouvrage de M. DREYFUS, Les sources de l'histoire ouvrière (…), op. cit., p. 8. | |
Audiens, le groupe dédié aux métiers de la culture, de la communication et des médias, prolonge et ancre la vocation des institutions qui l’ont précédé, pour certaines depuis 150 ans, en s’efforçant de jouer un rôle structurant dans le paysage de la protection sociale français. Si Audiens est aujourd’hui le partenaire incontournable des employeurs, créateurs d’entreprise, salariés permanents et intermittents, journalistes, demandeurs d’emploi et retraités de ces secteurs, c’est parce qu’il exerce sa mission en s’appuyant au quotidien sur l’expérience et le savoir-faire dont il est l’héritier au travers des institutions qui le composent.
L’identité d’Audiens s’inscrit donc dans la continuité d’une histoire désormais séculaire, marquée depuis son origine par la volonté d’édifier une protection sociale pérenne, adaptée et complète pour protéger ceux qui mettent leur talent, leur industrie et leur énergie au service de la création et de l’information. Des professionnels dont les parcours sont spécifiques, parfois fragiles, souvent atypiques, mais qui œuvrent à perpétuer nos valeurs citoyennes, profondément démocrates, et participent au développement économique et au rayonnement culturel de notre pays.
Or, une protection sociale structurée est une condition d’exercice concrète de ces métiers, dont les calendriers, les rythmes et les modes de fonctionnement peuvent, il est vrai, s’inscrire en marge d’un modèle général de Sécurité sociale dit « à la française ». C’est pourquoi des hommes se sont battus, personnellement et au travers d’institutions dédiées, pour expérimenter des solutions et bâtir des dispositifs ou des systèmes originaux et précurseurs.
Pénétrer dans ces coulisses ne signifie en rien se tourner vers le passé. C’est au contraire poser un acte fondateur permettant d’alimenter une réflexion prospective, indispensable en ce début de XXIe siècle, pour ces secteurs confrontés à de profondes mutations technologiques, économiques ou réglementaires, dans un monde globalisé, qui se conjugue toujours plus en mode numérique. Les métiers changent mais le meilleur moyen d’accompagner la profession reste d’anticiper les chantiers de protection sociale qui se profilent derrière ces évolutions. Et c’est bien là le rôle d’Audiens auprès de tous ses adhérents et clients, en concertation avec les pouvoirs publics.
Les Comités d’histoire : le devoir de la mémoire et de l’exigence scientifique
En 2006, Audiens a estimé qu’il était nécessaire de formaliser l’histoire de la protection sociale des métiers que le groupe sert au quotidien, de dresser l’inventaire de ses avancées, d’inscrire la parole de ses témoins. C’est ainsi que sont nés les Comités d’histoire du spectacle et des médias.
Pour ce faire, fidèle à son principe de gouvernance paritaire et à ses valeurs, Audiens a sollicité des acteurs du métier qui exercent ou ont exercé dans le spectacle et les médias des fonctions professionnelles et des mandats syndicaux, tant au titre d’employeurs que d’employés.
Afin d’encadrer les travaux et de leur insuffler une dimension scientifique, Audiens a également fait appel à deux historiens qui sont les maîtres d’œuvre de ces Comités : Pascale Goetschel, spécialiste de l’histoire des spectacles en France au XXe siècle et des politiques culturelles du spectacle vivant, Maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et Patrick Eveno, professeur d’histoire des médias au sein de la même université et dans les écoles de journalisme. Leur méthodologie nous est indispensable pour garantir une approche et une retranscription rigoureuses de l’histoire, et pour poursuivre l’exploration d’autres sources et archives. Ils mènent ainsi un travail approfondi d’analyse et d’animation des Comités, soutenus dans cette tâche par des membres choisis de leurs unités de recherche : Claire Bonici, Sylvie Charlier, Emmanuelle Delattre-Destemberg, Dominique Delord, Michel Dreyfus, Camille Dupuy, Elvina Fesneau et Charlotte Siney.
Les Coulisses de l’histoire, tomes I et II : un patrimoine pour les générations présentes et futures
Pour prolonger l’action des Comités, plusieurs Journées d’études ont été organisées à la Sorbonne ou dans des lieux emblématiques de la profession culturelle. Ponctuées de témoignages, elles offrent un panorama vivant de l’évolution de la protection sociale au travers des hommes et des institutions qui en font l’histoire.
Compte tenu de la richesse des échanges et de la connaissance exposée, Audiens a estimé qu’il était de son devoir de retranscrire ce capital pour le transmettre à la profession et par là-même aux générations futures. C’est ainsi qu’ait paru en 2009 le tome I des Coulisses de l’histoire, fruit des deux premières Journées d’études de 2008, qui retrace l’évolution de la protection sociale de la presse et du spectacle aux XIXe et XXe siècles, avec de nombreux témoignages ; mémoires vivantes qui communiquent l’histoire collective à travers le récit d’histoires particulières.
Les deux Journées d’étude réalisées en 2011 ont permis, quant à elles, de nourrir le tome II des Coulisses de l’histoire. Avec la même ambition, cet ouvrage collectif s’est attaché à étudier des institutions et des hommes en se concentrant sur des « focales » – avec le facteur humain comme conviction première – révélatrices de nos métiers.
Des sources pour l’histoire de la protection sociale des métiers du spectacle, de la presse et des médias : une base documentaire précieuse pour nos secteurs d’activité
Très rapidement, afin d’alimenter leurs recherches, les Comités d’histoire ont été confrontés à la problématique de sources. Et plus particulièrement à l’absence de référentiel d’archives ou autres fonds documentaires – type guide du chercheur – sur les domaines étudiés.
Un recensement des sources a donc été entrepris par les Comités d’histoire. Supervisée par Patrick Eveno et Pascale Goetschel mais aussi par Michel Dreyfus (Directeur de recherches émérite au CNRS, Centre d'histoire sociale du XXe siècle), cette mission a été confiée à Charlotte Siney. Mission ô combien précieuse et utile puisque qu’il s’agit d’une première pour nos secteurs d’activité ; conséquente tant le terrain de recherche est d’une extrême diversité et variété ; mais aussi palpitante tant les archives nationales ou autres institutions détiennent mille informations, anecdotes et trésors jusqu’alors insoupçonnés.
Je tiens ici à saluer le fabuleux travail de Charlotte Siney et la remercie personnellement de son professionnalisme, de son implication de chaque instant et de son extrême ténacité face à l’ampleur de la tâche.
Et je suis ainsi très heureux, au nom d’Audiens et de nos Comités d’histoire, de mettre ce formidable outil documentaire – fruit d’une recherche lancée par notre Groupe il y a trois ans – à disposition des historiens, mais aussi des journalistes, économistes, juristes, sociologues, spécialistes du droit du travail ou de la protection sociale,...
Cette recherche nécessairement limitée dans le temps ne peut évidemment – comme tout guide des sources – prétendre à l’exhaustivité. Mais je ne doute pas que ce considérable travail de repérage, de tri, d’analyses et de classement sera plus que précieux voire indispensable pour tous ceux qui, à titre professionnel ou personnel, s’intéressent à l’histoire de la protection sociale de la presse et du spectacle.
Je souhaite à chacun d’entre vous de naviguer au sein de ce document au gré de ses recherches ou envies, de se laisser porter par ses multiples possibilités et d’y faire de surprenantes découvertes.
Patrick Bézier
Directeur général d’Audiens